mercredi 7 mars 2007

Introduction

Que signifie le mot subversion ? Etymologiquement, ce mot provient du verbe latin subvertere qui signifie renverser. C’est un phénomène qui intervient sur les valeurs et les normes. En effet, la subversion a pour but de renverser ou de contredire les principes et les normes d’un système déjà installé. Ce phénomène s’applique à tous les domaines qui requièrent des valeurs et des normes. Il peut s’agir du domaine politique, religieux, moral, social, culturel, artistique, sexuel, etc. C’est un outil qui est bien souvent utilisé afin de déstabiliser, de renverser ou de remettre en cause un système. Ainsi, en fonction de sa position par rapport à un système établi, on peut soit donner un sens positif soit négatif au phénomène de la subversion. Mais très souvent, la subversion implique une censure ou une répression, car bien souvent trop radical et brutal.
A titre d’exemple, pendant des périodes de conflits (guerres, révolutions...) l’art subversif était un moyen pour déstabiliser l’ennemi. L’artiste subversif devient un révolutionnaire en s’opposant à un système en vigueur au travers de sa créativité et de sa représentation. Un autre exemple, la presse clandestine était également un moyen de subversion.
La subversion permet également de faire évoluer et de remettre en cause les valeurs d’un système. C’est dans cette optique que nous allons argumenter notre sujet. Le sujet qui va être développé, traite d’une sorte de révolution mais qui n’est pas sanglante, celle de l’émancipation de la femme. Au cours des années le statut de la femme a réellement changé, elle travaille, elle vote, elle se bat pour l’égalité entre elles et les hommes, etc. Au delà de ses fonctions, c’est son « look » qui s’est également transformé, en effet, elle s’est mise à porter des pantalons et à se couper les cheveux « à la garçonne ». La première femme à avoir inauguré cette nouvelle allure c’est Gabrielle Chasnel, plus connue sous le nom de Coco Chanel avec son « tailleur pantalon » et ses cheveux courts, C’est une version complètement androgyne de la féminité mais qui a révélé une nouvelle femme élégante. Mais aussi bien d’autres couturiers tels Courrèges avec sa mini jupe. C’est au travers de cette nouvelle femme émancipée que la société s’est transformée. Cet exemple permettra par la suite de déboucher sur d’autres questions auxquelles nous tenteront de répondre.

Le statut de la femme avant son émancipation

Avant la première Guerre Mondiale, la femme n’avait encore qu’un rôle de femme au foyer. En effet, son activité principale n’était que de s’occuper de sa maison, de son mari et de ses enfants. En aucun cas elle ne pouvait faire vivre sa famille, car elle n’avait ni les capacités intellectuelles (manque de formation), ni le temps.
Une fois la guerre déclarée en juin 1914, la femme a dès lors dû remplacer les fonctions de son mari parti au front. Elle doit désormais assumer des responsabilités qu’elle n’avait pas avant telles que, entreprendre les durs travaux des champs dans une France encore à dominante rurale et agricole, d’autre part, elle doit se dévouer en tant qu’infirmière pour soigner les soldats blessés dans les hôpitaux de guerre et les maisons de convalescence. Enfin, les femmes des villes ont fait preuve de courage pour compenser le manque de main d'oeuvre dans de nombreux secteurs d'activités, distribuant le courrier, conduisant les tramways, travaillant plus de 10 heures par jour dans les usines d'armement.
Ainsi, dès le début du XX siècle, nous pouvons apercevoir un phénomène de subversion car la mentalité de la femme et ses habitudes ont évolué. Elle peut désormais être libre et autonome.

L’émancipation de la femme n’a pas seulement eu lieu dans la vie quotidienne, mais aussi au niveau intellectuel. En effet fin des années 20, les premières femmes ont fait leur apparition dans les grandes écoles (Sciences Politiques, etc.) ce qui entraînera par la suite des femmes diplômées pouvant ainsi avoir sa place sur le marché du travail. Après le droit de vote le 21 avril 1944, les femmes peuvent avorter depuis la loi Veil de 1975, ceci constitue un très bel exemple pour illustrer comment les femmes sont-elles devenues maîtresse de leur corps.

Les couturiers qui ont participé à l'émancipation de la femme

Chanel
A l’ère des robes longues et des cheveux longs, Gabrielle Chasnel, à partir de 1954, révolutionne la mode féminine. Elle surprendra au cours d’un défilé son public. En effet, elle fait disparaître les longues robes au profit du si célèbre tailleur pantalon et de nouvelles coupes de cheveux apparaissent : les coupes à la garçonne si longtemps dénigrées pour la gente féminine.

Courrèges
En 1965 sa collection bouleverse la haute-couture en contribuant au succès de la mini-jupe. En effet jusqu’à présent les femmes ne portaient que des robes longues et des pantalons. Il a produit des collections saisissantes avec de nouvelles matières telles que les dessus fins en mousseline de soie. Mais c'est en 1964 qu'il a lancé sa collection « Fille de Lune », elle rassemblait des jupes de couleurs blanches et argents avec des formes géométriques très osée pour l’époque. Il a aussi imaginé les mini-bottes en PVC brillantes pour suivre avec sa collection.

Yves Saint Laurent
Des premières transparences au scandale du noir, l'itinéraire du couturier fut le premier à casser les règles de la haute couture et qui n'a pas fini de célébrer dans son métier l'amour des femmes. Premier couturier à habiller les femmes de transparence. Premier couturier à lancer un blouson noir, à remplacer les escarpins par des cuissardes.

Mais ces personnalités ne sont pas les seuls à avoir révolutionné le monde de la mode féminine, mais ils sont des emblèmes en ce qui concerne la transformation du statut de la femme dans la société française. En effet, il faudra attendre 1947 avec le jeune Christian Dior qui lancera “Le New look”. Ce condensé d’élégance et de nostalgie définit la mode des années 50 : épaules arrondies, poitrine haute, taille cintrée, jupe bouffante, gants et escarpins. Dans les années 70, le naturel est prôné par Kenzo Takada. Le style hippie et surtout le jean sont rois. Jean-Paul Gaultier devient peu à peu le pape de la nouvelle vague parisienne à partir des années 80. Les sous-vêtements de nos grands-mères réapparaissent comme vêtements du dessus (corsets apparents). A partir de cette date la mode ne dicte plus ses lois sur la société.

En quoi notre sujet est-il un exemple de subversion?

Nous traitons de l’émancipation de la femme. Cette nouvelle liberté a transformé toute la donne de la société. La femme renaît. C’est une nouvelle femme qui comme nous l’avons dit précédemment s’impose aussi bien dans son quotidien que dans sa nouvelle vie professionnelle. Elle prend le rôle de l’homme tant au niveau professionnel grâce à ses diplômes, au niveau moral car elle acquière une ouverture d’esprit grâce à ses études, au niveau sexuelle car elle devient libertine grâce à la mode et devient maîtresse de son corps. Enfin, au niveau politique, en raison des différentes lois qui ont été votées au cours des années.
A savoir :
1914 : Organisation d'un "vote blanc", sondage auprès des femmes sur leur désir de voter. Plus de 500 000 réponses favorables
1916 : Proposition Barrès pour le "suffrage des morts", c'est-à-dire permettre de voter aux veuves et mères de soldats tués à la guerre
1936 : La Chambre se prononce pour l'égalité politique des sexes. Mmes Brunschvicg, Lacore et Joliot-Curie sont nommées sous-secrétaires d'Etat
1944 : "Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes" proclame l'Ordonnance du 21 avril, signée du général de Gaulle
1945 : Les femmes votent et sont élues pour la première fois aux élections municipales d'avril puis en octobre pour l'Assemblée constituante
1947 : Germaine Poinso-Chapuis est la première femme nommée ministre
1982 : Un projet de loi prévoit d'instaurer un quota de 25% de femmes pour les listes de candidatures. Elle est rejetée par le Conseil constitutionnel

Comme l’indique sa définition, la subversion est un phénomène durant lequel il y a de grands changements impliquant bien souvent une révolution pour la société. Cette révolution féminine a réellement transformée les mœurs, la société n’est plus la même, les femmes sont désormais des réelles actrices et non plus de simples actrices passives.

Quelle influence a la mode?

Qu’il s’agisse Courrèges, Chanel ou encore Yves Saint Laurent, la mode a toujours donné un nouveau regard à la femme. En effet, elle est devenue une femme maîtresse de son corps avec la mini jupe, et elle devenue une femme qui se met à niveau égal avec l’homme avec le pantalon. La mode a donc toujours donne un nouvel élan dans les mentalités. Le vêtement est une forme d’assurance pour les gens. C’est pour cette raison que l’on se sent bien ou mal dans un vêtement. Mais la question que l’on peut se poser est de savoir qui influence qui. Est-ce la femme qui a influence la mode, ou est ce la mode qui a influencé la femme ?
La mode est une forme d’art. L’art est un mode d‘expression. L’artiste est une sorte de visionnaire. Donc le styliste serait un visionnaire. Ils sont les premiers à pouvoir lire le corps d’une personne, ce qu’elle renferme, ce qu’elle cache, ce qu’elle veut pouvoir dévoiler. Il va donc adapter sa création à ces différentes demandes. Le vêtement va encore une fois écrire notre intérieur, notre ressentie. Sans l’assurance du vêtement, nous ne serions peut être pas capable de marcher avec le même pas dans la rue. Ce sont tous ces éléments qui permettent de penser que la mode donne une direction de pensée. La mode permettrait d’influencer les personnes à mettre en avant leur courage pour revendiquer ce qu’elles ont à dire. La femme se voulait femme, mais elle se voulait aussi indépendante, autonome, prouver son autorité. En créant cette mode androgyne, Coco Chanel a permis aux femmes d’avancer, d’aller au bout de leur désir et a su prouver que malgré un pantalon elle pouvait rester une femme, belle, élégante, pleine de féminité. Coco Chanel est devenue une femme modèle. Cette nouvelle tendance a donne une nouvelle donne aux mentalité. Non seulement elle a participée à la transformation du statut de la femme, mais elle a également transformé les mœurs. Par exemple le noir n’est plus que la couleur du deuil, mais il est aussi la couleur de l’élégance.
Coco Chanel ayant contribuée à l’émancipation de la femme, en dessinant pour elles ce dont elles avaient besoin pour s’affirmer montre que la mode influencerait à agir. La femme a influence la mode en ayant qu’un désir. Celui de devenir une femme libre.
La mode est donc un moyen de subversion, c’est un art subversif. La mode dessine la mentalité des gens. Prenons l’exemple de Mai 1968, ce look « peace and love ».

Le femme serait-elle aujourd'hui une dirigeante si elle n'avait pas de pantalon ou des cheveux courts?

Nous n’allons pas répéter ce qui a été dit en première partie sur l’émancipation de la femme. Mettons simplement en évidence que du temps des cheveux longs et de la jupe pour les femmes, les hommes avaient comme devoir de faire vivre sa famille, et la femme s’occupait « des tâches ménagères ». L’homme avait donc une position de maître. Mais le jour où la femme s’est mise dans les vêtements de l’homme, la donne a changé. Elle s’est mise dans les vêtements du maître. La femme se transforme en maîtresse et ainsi l’homme maître s’affaibli puisque la femme entre dans son terrain de jeu. Elle se déguise en lui et prend son assurance. Et c’est ainsi qu’elle est arrivée à travailler, à voter, à être une femme qui vit.
Cette démonstration ne sous-entend pas que les cheveux courts et le tailleur pantalon sont la raison de cette évolution. Mais si la femme ne c’était pas émancipée, elle ne se saurait jamais imposée. Comme nous l’avons précédemment le vêtement est une sorte d’identité pour une personne. En prenant la tenue de l’homme, la femme s’est mise a niveau égale de l’homme. C’est ainsi qu’elle a pu lui faire concurrence. Sans cette nouvelle liberté et nouveau statut pour la femme, elle n’aurait peut-être jamais osée s’opposer à l’homme. En montrant qu’elle aussi pouvait avoir les cheveux courts et porter un tailleur pantalon elle a soumis l’idée qu’elle aussi pouvait avoir de nouvelles responsabilités et était capable de faire vivre sa famille. C’est pour cela que l’on peut penser que sans cette « révolution », à savoir la coupe à la garçonne et la tenue androgyne, la femme ne serait pas arrivée là où elle est aujourd’hui. C’est ainsi que la femme s’épanouie et arrive a être indépendante. Bien évidemment que le vestimentaire n’est pas la cause de cette transformation, mais a été une manière de représenter concrètement ce qui se passait dans la tête des femmes.
Prenons un exemple d’une femme connue. Mercedes Erra, qui aujourd’hui a le titre de présidente de l’agence de communication BETC. C’est une femme plus qu’active, mariée et mère. Dans son couple, la situation de départ a été totalement renversée. En effet, c’est elle qui travaille, qui fait vivre sa famille, et c’est son mari qui s’occupe des enfants.
La femme moderne est devenue une femme complètement active.

Quelle relation peut-on faire entre le corps et les vêtements

Pourquoi tous les matins se demande-t-on comment est-ce que l’on va s’habiller ? Pourquoi est-ce qu’il arrive que l’on n’ose pas porter telle ou telle tenue ? Pourquoi est-ce que l’on se sent mal dans certains vêtements ? Pourquoi tant de questions autour de ces morceaux de tissus ? Pourquoi tant de questions à propos de notre paraître ?
Dans une société qui ne cesse de juger son entourage, il est incontestable qu’il est de notre volonté de faire la meilleure impression possible. Or le premier élément qui va permettre ce jugement c’est notre paraître. Avec notre allure vestimentaire, certains pourront définir notre personnalité. Pourrions-nous aller jusqu’à dire que notre vestimentaire est la représentation extérieure de notre intérieure ? Le vêtement est l’écriture d’un état d’âme. Mais au delà de soi, le vêtement c’est aussi la marque d’appartenance à une culture, à un groupe social. En effet, prenons un exemple auquel nous sommes confrontés tous les jours. La question du voile. Lorsque l’on croise une personne dans la rue qui est voilée, il est vrai que sans aucune connotation raciste, cela peut attirer le regard d’une manière différente que si cette personne ne portait pas de voile. Aujourd’hui grâce au vêtement on peut même attribuer une position sociale à une personne. Le vêtement est presque une carte d’identité, elle permet de se faire un avis, renseigner sur qui on semble être, d’où on semble venir… le vêtement qui à la base a une fonction de protection est devenu une réelle question sociale.
Derrière le regard des autres, c’est notre regard que nous portons sur soi même. Si l’on porte tellement d’importance à notre allure, c’est que l’on attache une grande importance au regard que les autres auront sur nous. Donc derrière le regard des autres on se sent bien ou mal. Prenons un exemple très simple. Quand on s’habille avec un vêtement qui sort de l’ordinaire, et que les critiques ne sont pas positives on n’est pas prêt de remettre la tenue en question. Pourtant si on l’a portée c’est qu’elle nous plaisait. Le vêtement nous a rendu esclave du regard d’autrui.
Le vêtement est une manière de camoufler ou de valoriser son corps. Comme le maquillage sur le visage, le vêtement maquille notre corps. Il permet dévoiler exactement la représentation que l’on veut envoyer de soi aux autres. Le vêtement est donc un moyen pour se travestir, faire croire ce que l’on veut de nous aux autres.
Alors que le pantalon était réservé aux hommes et la jupe aux femmes, le jour où la femme s’est mise à porter le pantalon c’est toute une société qui est remise en cause, d’où le phénomène de subversion. La femme s’est glissée dans l’identité masculine, c’est alors tout son statut qui est à revoir
La femme peut se mettre dans la peau de l’homme. C’est un bouleversement. Pourrions-nous même parler de subversion sexuelle ? En effet, alors que l’homme avait la position dominante, la femme intègre ses fonctions en s’accaparant son vêtement. Si aujourd’hui l’homosexualité est devenu un fait presque banal c’est peut être parce qu’il est devenu banal pour la femme de se vêtir d’un pantalon. Non pas que la femme est responsable de cette « mode homosexuelle », mais le fait de ne plus mettre de limite en ce qui caractérisait chacun des deux sexes dans le code vestimentaire a permis une plus grande liberté sexuelle qui n’existait pas avant, d’où la subversion sexuelle.